Série inhabituelle d’échouages de cétacés dans le sud des Landes et au Pays Basque

Lors des épisodes intenses d’échouages cet hiver, le Pays Basque avait été relativement épargné. Depuis quelques jours une recrudescence est observée. En 3 jours, 9 petits cétacés se sont échoués entre Capbreton et Guéthary. Pour un mois de mai ce niveau de signalement est inhabituel.

Sur l’ensemble de la côte Atlantique les échouages de cétacés ont bien diminué depuis les épisodes de surmortalité observés au cours de l’hiver (environ 1 300 petits cétacés échoués morts entre décembre 2022 et mars 2023 sur la façade atlantique). Au cours de ces épisodes intenses, une petite dizaine de carcasses avaient rejetées au Pays Basque de janvier à mars. Depuis quelques jours une recrudescence est observée dans le sud des Landes et au Pays Basque.

Depuis le début de l’année, plus de 200 échouages de mammifères marins (toutes espèces confondues) ont été recensés dans les Landes et les Pyrénées Atlantiques par le Réseau National de suivi des Échouages de mammifères marins (RNE). Au total 11 espèces ont été identifiées : le phoque gris, le marsouin commun, le dauphin commun, le dauphin bleu et blanc, le grand dauphin, le dauphin de Risso, le globicéphale noir, la baleine à bec de Cuvier et même une baleine à bosse et une espèce rare de mésoplodon. Le suivi de ces échouages permet de rappeler la grande diversité des eaux du sud du golfe de Gascogne.

Ce suivi permet également d’évaluer l’état sanitaire des animaux et les causes de mortalités peuvent ainsi être identifiées (si les animaux ne sont pas trop décomposés). Les causes sont multiples et dépendent des espèces et des habitats qu’ils utilisent. La majorité des animaux de cet hiver (85 %) a fait l’objet d’un examen par un correspondant mandaté du RNE. L’espèce qui s’échoue le plus fréquemment est le dauphin commun avec 60 % des échouages. Si la cause de mortalité principale de ces petits cétacés reste la capture dans un engin de pêche, notamment en hiver, les autres espèces révèlent souvent une mort non traumatique et liée à un état sanitaire dégradé.

 

Concernant les récents échouages apparus entre le 12 et le 14 mai 2023, 3 espèces (dauphin commun, dauphin bleu et blanc et marsouin commun) sont concernées et 4 de ces animaux ont été transférés à l’Observatoire Pelagis (La Rochelle Université) pour nécropsie complète. Les premiers examens en cours suggèrent des états pathologiques d’origine infectieuse.

 

RNE, une mission de veille environnementale

Le Réseau National de suivi des Échouages, auquel contribue de nombreux acteurs de Nouvelle-Aquitaine, est un outil de veille environnementale, reconnu et inscrit dans la réglementation française et européenne comme méthode d’évaluation de l’état écologique de ces espèces. Les correspondants du RNE sont formés par l’Observatoire Pelagis (La Rochelle Université-CNRS), mandaté par le Ministère chargé de l’écologie, et appliquent des protocoles d’examen validés par des biologistes et des vétérinaires.

Ce réseau existe depuis plus de 50 ans et bien avant que la sortie en mer sur le Gouf de Capbreton ne se popularise, ce réseau avait permis de mettre évidence, l’incroyable diversité de cétacés qu’abrite cette région maritime.

En effet, sur la série historique, le RNE a enregistré la présence de 21 espèces de cétacés sur les côtes landaises et du Pays-Basque sur 28 recensés sur l’ensemble du littoral français. Certaines espèces, notamment de baleines à bec, n’ont même été observée qu’à cet endroit.

Depuis 2015, le RNE a également examiné plus de 2 000 animaux échoués, ceux dont l’état permettait d’établir un diagnostic, les examens ont révélé que la plupart des espèces présentait des causes mortalité et donc d’échouages à la fois naturelle et d’origine anthropique.

 

Aujourd’hui, le RNE est souvent cité dans l’actualité en raison de la recrudescence des échouages de dauphins communs en lien avec les captures dans les engins de pêches. Néanmoins ce réseau suit de nombreux autres indicateurs de l’état de santé de ces animaux sauvages comme les pathogènes présents chez ces espèces, les niveaux de contaminants, il permet également d’identifier les mortalités en lien avec d’autres activités humaines (collision, bruit, etc.) ou encore celles provoquées par l’ingestion des déchets, comme la baleine à bec de Cuvier retrouvée à Messanges en 2021 avec 16 kg de déchets plastiques dans son estomac.

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